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Le Doux Parfum des temps à venir est un texte court mais d'une intense beauté. Il nous relate les dernières volontés et les ultimes conseils d'une mère à sa fille. Le genre du texte est indéfinissable: Est-ce un conte?

«J’aime bien laisser au lecteur la liberté de déterminer» dira Lyonel Trouillot lors de son entrevue à la bibliothèque Elsa Triollet de Pantin (Mars 2013). Il est construit comme un poème avec des strophes, un rythme, des phrases qui reviennent comme une douce musique. La volonté de l'auteur est de ne pas situer ce texte dans un lieu précis, ce qui lui confère une universalité dans le temps et l'espace. Les lieux évoqués sont la guerre, les haltes, l’errance dans des paysages désertiques, des cités délabrées.

Il y est question de passage, de transmission. Que laisse t-on à ses descendants et qu'a t-on retenu de ce qui nous a été légué?

La mère est une femme au destin tragique, marquée par la violence et la honte, mais qui a su préserver sa liberté, malgré le joug de la société, et a pris son destin en main. Elle dévoile, à la fin de sa vie une réalité très sombre de sa propre histoire frappée de honte et de violence, qu'elle a tue jusque là, afin de préserver l'innocence de son enfant. Ces événements tragiques ne sont pas donnés dans les premières pages. La mère prépare d'abord sa fille à ce qu'elle va lui révéler. Elle commence par défaire l'écheveau des belles histoires qu'elle lui a inventées dans sa petite enfance pour lui permettre de grandir, d'être plus forte et d'aimer la vie. Il est question de l’importance des mots d'une mère qui ont d’abord mis l’enfant à l’abri des violences du monde.

Puis ces mots livrent la vérité sur les origines de la mère et les violences qu'elle a subies, la libèrent du poids du mensonge, lui donnent une nouvelle naissance et lui permettent de partir sereine. La vie de cette femme s'achève sans regret, mais avec la volonté de transmettre un héritage plus précieux que toutes les richesses du monde: la quête de la liberté. La femme est ici messagère de l'espoir. Cet hymne à la liberté se traduit aussi à travers l'éloge de la danse, symbole de la libération des corps. Les références et réminiscences olfactives sont multiples dans ce texte. L'odorat est le sens le plus ancien. C'est lui qui apparaît le premier dans le développement du petit enfant. On rencontre dans ce texte des parfums violents d'errance, de haltes et de haine, mais aussi des fragrances de fleurs, de fruits purs, de rosées franches...

Ce texte est porté à la scène par Nade Christel dans un monologue. Elle dit le texte simplement. Sa voix est douce, c'est une mère qui parle. Son timbre est parcouru d'un soupçon d'émotion. Son corps marche, se couche, disparaît laissant toute la place aux mots poétiques...

Cette simplicité, elle l'a cherchée avec le metteur en scène Gilles Fossier qui, plus comme un guide, l'a amenée vers la sincérité.

Lyonel Trouillot  est romancier et poète, intellectuel engagé, critique littéraire et scénariste haïtien, acteur passionné de la scène francophone mondiale, Il est né en 1956 dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, où il vit toujours aujourd’hui.
Il a d'abord étudié le droit, a collaboré à différents journaux et revues d'Haïti et de la diaspora.

Il est l'auteur d'une importante œuvre poétique et romanesque, essentiellement publiée en Haïti. Il est également professeur de littérature à l'Institut Français de Haïti et à l'Université Caraïbe. Durant l'année 2003, Lyonel Trouillot a été l'un des initiateurs actifs du Collectif NON, collectif regroupant des intellectuels haïtiens qui a largement contribué à la chute du gouvernement Aristide.
Toute l'œuvre romanesque de Lyonel Trouillot est publiée chez Actes Sud.

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